A L'ORIGINE DE LA SECURITE PRIVEE...

C'est en 1833 que les historiens énonce la naissance de la première société privée de sécurité dans le monde, celle-ci est Française et est à l'origine d'un homme : Eugène-François Vidocq.

Il nommera son entreprise le Bureau de renseignements pour le commerce.




Une histoire atypique pour un personnage hors du commun...



Né en 1775 à Arras, fils de boulanger, il est incarcéré à l’âge de 15 ans pour 10 jours à la demande son père pour lui avoir soutiré de l’argent. A 16 ans, il vole ses parents et s’engage dans l’armée révolutionnaire.

A 18 ans, il est chassé de l’armée pour indiscipline après plusieurs duels sanglants , il retourne à Arras où il est de nouveau incarcéré après une rixe amoureuse.

A 19 ans, il épouse de force Marie-Anne-Louise Chevalier et devient épicier. Il décide quelques mois après de fuir le domicile conjugal et s’enrôle à nouveau dans l’armée.

A 20 ans, il déserte et part en Belgique, puis en Hollande où il s’engage dans l’armée roulante composée de 2000 vrais-faux soldats qui vivent en exploitant les largesses dont bénéficient habituellement l’armée légale. De retour en France, il se bat avec un officier amant de sa maîtresse et est condamné à 3 mois de prison à Lille. Il y rencontre Boitel, un agriculteur condamné à 6 ans pour vol, il l’aide avec 2 autres détenus à s’évader au moyen de faux papiers. Rattrapé, il dénoncera les complices de son évasion, Vidocq est alors inculpé. Condamné pour faux, il s’évade déguisé en officier. 1 mois après, il est reprit et de nouveau incarcéré à Lille, il s’évade, est reprit 2 jours après , s’évade 10 jours après et est de nouveau repris la semaine suivante . Transporté à Lille pour un témoignage, il s’évade pour être repris 1 mois après . Déplacé à Cambrai il y reste 1 mois après quoi il s’évade pour être reprit à Douai 15 jours après .

A 21 ans, il est condamné par le tribunal de Douai à 8 ans de travaux forcés au bagne de Brest pour usage de faux dans l’affaire Boitel, cette condamnation le poursuivra toute sa vie.

A 22 ans, il apprend la « savate » à la prison de Bicêtre où il tente de s’évader. 6 mois après, la chaîne du bagne de Brest se met en marche. Il s’en évade après 1 mois et demie sous l’identité d’un matelot déserteur (Duval) ce qui lui vaudra d’être arrêté par les gendarmes, il parviendra à leur fausser compagnie déguisé en bonne-soeur .

A 24 ans, d’abord marchand de Boeufs, il voyage entre Cholet, Paris, Arras et Bruxelles puis Rotterdam où il se fait enrôler de force sur un vaisseau Hollandais. Il déserte et navigue 6 mois sur un navire corsaire dunkerquois. Il est arrêté à Ostende après l’examen de l’équipage par les gendarmes et est emprisonné à Lille puis à Douai , toujours sous l’identité du matelot Duval. Il est mené au bagne de Toulon , où il y fait la connaissance d’un célèbre chef de bande des Chauffeurs du Nord.

A 25 ans, il s’évade du bagne de Toulon et monte divers commerces à Arras, Rouen et Versailles.

A 27 ans, il voit naître un fils, il emprunte l’identité de Blondel et monte un commerce de Bonneterie-mercerie, il devient ensuite marchand de nouveautés à Paris, ouvre un magasin de toile, coton et cachemire à Versailles, tenu par sa mère.

A 30 ans, il est arrêté à Versailles puis transféré à Arras puis à Douai, son divorce avec Marie-Anne-Louise Chevalier est prononcé et il s’évade de Douai .

Entre 31 et 34 ans, il vie sur les routes en aventurier et tentes de nouvelles affaires commerciales.

A 34 ans, il devient marchand-tailleur à Paris mais se fait de nouveau arrêter , il décide alors de proposer ses services à la Police pour dépister les criminels incarcérés sous de fausses identités. Il est écroué dans plusieurs prisons où il commence son travail d’indicateur, on organise son évasion a 36 ans et il devient agent secret de Mr Henry.

A 36 ans, il devient chef de la Police de Sûreté, il recrute ses agents parmi les gens du milieu et s’installe à Paris.

Jusqu’à ces 43 ans, il multiplie les arrestations prestigieuses et se voit gracier pour faux par Louis 18. Il se re-marie avec Jeanne-Victoire Guérin.

A 52 ans, il démissionne de ses fonctions de chef de la Sûreté pour monter une manufacture de papier, il invente le papier infalsifiable et l’encre indélébile avec d’anciens détenus comme ouvriers. Il publie son premier volume de ses Mémoires.

A 55 ans et suite au décès de sa femme, il se marie une 3° fois avec sa cousine Fleuride-Albertine Maniez.

A 57 ans, il est rappelé pour reprendre le poste de chef de la Police de Sûreté et se distingue en sauvant le trône du roi en battant les insurgés lors d’émeutes. Pour enfin démissionner de nouveau.

A 58 ans, il créer le « Bureau de Renseignements pour le Commerce », première agence de détectives privés au monde qui propose ses services aux commerçants. Il est alors élu membre de l’académie de l’industrie agricole, commerciale et manufacturière.

A 62 ans, il créer l’administration des « Renseignements Universels » mais la Police jalouse de ses succès, perquisitionne son domicile, son agence et sa papeterie, il est incarcéré et fait l’office d’un procès « monté » par la Police .

Relaxé, il est de nouveau arrêté à 67 ans et accusé d’escroquerie, d’usurpation de titres et d’arrestation arbitraire. Il perd en correctionnel et est condamné à 5 ans de prisons . Il fait appel et gagne le procès en Cours Royal. Le préfet de Police conteste la validité des lettres de grâce de Louis 18 et interdit à Vidocq de résider à Paris , il refuse.

A 70 ans, il a écrit plusieurs ouvrages et voyage en Belgique et en Angleterre où il donne des conférences et conte ses exploits. Sa 3ème femme décède et il multiplie les jeunes maîtresses espérant toucher une part de son héritage.

A 72 ans, il se retire des affaires, revend son agence, il côtoiera Lamartine (personnage politique instigateur de la seconde république) à qui il sauvera la vie, collaborera avec les services Bonapartistes et participera à la fin des révoltes de Mai 1848.

Il meurt à l’âge de 82 ans à Paris.



Si vous avez aimés ce bref récit, sachez que les "Véritables mémoires de Vidocq" sont disponible aux éditions La Découvrance.


Un ouvrage très abordable qui ne manquera pas de vous emmener dans les aventures vécues et racontées par le protagoniste.




Le 19ème siècle verra la naissance de plus de 500 sociétés comme le Bureau de Renseignements pour le Commerce.

Cependant, une grande partie de ces entreprises et des pratiques des dirigeants sont plus proches de la délinquance que du droit : malversations, pressions sur les commerçants, activités illicites sont le lot commun et noircissent l’image de cette activité naissante.


Le relai est prit par la création des polices internes des entreprises et notamment des grands magasins, qui voit-le jour à la fin du 19ème siècle...


Ces polices privées, tant dans le domaine de la grande distribution que de l’industrie, jouent un rôle assez important dans la lutte que peuvent se livrer patronat et syndicats au cours de la Troisième République (1870 à 1940) : infiltrations, enquêtes, attaques physiques contre les piquets de grève sont les missions de la sécurité privée à cette époque et jusqu’au milieu du 20ème siècle.


Ensuite, les années 60 et 70 continuent à contribuer à l’élaboration d’une image trouble de la sécurité privée : embauche de membres de l’OAS (Organisation de l’Armée Secrète) ou du SAC (Service d’Action Civique), l’utilisation de gros bras dans les conflits contre les syndicats donnent une image assez noire d’un secteur d’activité en pleine renaissance à cette époque.


Mais deux drames au cours des années 70-80 vont entraîner l’état français dans une phase de réglementation d’une profession jusqu’alors laissée à elle-même :

La mort de Pierre Overney, le 25 février 1972 : un militant maoïste licencié par Renault qui participait à une action de la Gauche Prolétarienne à la sortie de l’usine de Billancourt, abattu par un agent de sécurité alors qu’il cherchait à entrer dans l’usine avec un groupe de militants.

La mort d’un SDF, battu à mort par des agents de sécurité au Forum des Halles le 23 décembre 1981.



C’est à cette période que sont votés les premiers textes législatifs et notamment le texte fondateur de la réglementation en sécurité privée en France : la loi 83-629 du 12 juillet 1983 qui réglemente les activités privées de sécurité.



Ce texte sera par la suite régulièrement amendé et modifié au gré des évolutions : LOPSI, LOPPSI, etc.

La LOPPSI (ou LOPSI 2) votée le 14 mars 2011, créer un organisme de régulation de la profession : le Conseil National des Activités Privées de Sécurité (CNAPS). Celui-ci a vocation de contrôler l’accès à la profession et l’application des textes par les entreprises du secteur, il prend le relai de la préfecture.



Depuis le 1er mai 2012, l’ancienne loi 83-629 du 12 Juillet 1983 qui règlementait les Activités Privées de Sécurité a été remplacée par le Livre VI du Code de la Sécurité Intérieure (CSI).



Source principale : Wikipédia, Les véritables mémoires de Vidocq (ed. La Découvrance)